J45 - Vendredi 23 novembre 2012 - Partie II
Je filais à tout allure vers le nord-ouest sur l'autoroute 6, le vent oblique de l'est m'aidait et le froid était bon joueur, on s'amusait. J'étais emmitouflé et avais même deux paires de mitaine, l'une dans l'autre, sur les mains. J'étais bien.
Puis j'ai enfin tourné vers le nord, pour ma dernière ligne droite vers Régina, 40km seulement! Le vent, allié jusqu'à présent, s'est fait violent et coupant. Soufflant la neige des plaines sur la route, mon chemin était couvert d'une couche de neige. Ma respiration gelait instantanément sur mon cagoule et les poils de ma barbe. Une neige épaisse et solide couvrant maintenant la majorité de accotement j'ai dû pédaler dans le trafic. Mais maintenant seulement à moins de 15km de la ville, les voitures se font fréquentes et il me faut pédaler sur une neige semi-solide.
L'arrivé à Régina s'est fait tard, vers 18h, alors qu'une glace noire, apportée par un verglas, est cachée par le duvet blanc de la tempête de la veille. C'est beau au dessus, et traître au dessous. C'est un véritable champs de mine.
Mon trajet avec les voitures et la neige a été teinté de klaxonnement et de rage au volant, la perspective de pédaler jusqu'à Calgary se fait moins attrayante. Alors que je franchis le premier viaduc de la ville, à l'entrée de celle-ci, je glisse sur une plaque de glace et tombe sur le flanc, me blessant la hanche. À ce moment je comprend que je ne peux plus continuer sans risquer ma vie ainsi que celle des autres sur la route. Mon voyage hivernal arrive à sa fin, les prairies ont fermé leurs portes.
L'arrivé chez Jamie, une amie perdue de vue depuis longtemps, est pleine d'émotions. Alors que je bois le thé que Jamie m'offre tout en lui racontant mes péripéties, l'idée qu'il me faudra trouver un autre moyen de transport pour aller vers l'ouest.
Après 3500km de vélo, 32 nuits de camping et 9 territoires visités, je peux vous garantir: il y en aura d'autres.
Puis j'ai enfin tourné vers le nord, pour ma dernière ligne droite vers Régina, 40km seulement! Le vent, allié jusqu'à présent, s'est fait violent et coupant. Soufflant la neige des plaines sur la route, mon chemin était couvert d'une couche de neige. Ma respiration gelait instantanément sur mon cagoule et les poils de ma barbe. Une neige épaisse et solide couvrant maintenant la majorité de accotement j'ai dû pédaler dans le trafic. Mais maintenant seulement à moins de 15km de la ville, les voitures se font fréquentes et il me faut pédaler sur une neige semi-solide.
L'arrivé à Régina s'est fait tard, vers 18h, alors qu'une glace noire, apportée par un verglas, est cachée par le duvet blanc de la tempête de la veille. C'est beau au dessus, et traître au dessous. C'est un véritable champs de mine.
Mon trajet avec les voitures et la neige a été teinté de klaxonnement et de rage au volant, la perspective de pédaler jusqu'à Calgary se fait moins attrayante. Alors que je franchis le premier viaduc de la ville, à l'entrée de celle-ci, je glisse sur une plaque de glace et tombe sur le flanc, me blessant la hanche. À ce moment je comprend que je ne peux plus continuer sans risquer ma vie ainsi que celle des autres sur la route. Mon voyage hivernal arrive à sa fin, les prairies ont fermé leurs portes.
L'arrivé chez Jamie, une amie perdue de vue depuis longtemps, est pleine d'émotions. Alors que je bois le thé que Jamie m'offre tout en lui racontant mes péripéties, l'idée qu'il me faudra trouver un autre moyen de transport pour aller vers l'ouest.
Après 3500km de vélo, 32 nuits de camping et 9 territoires visités, je peux vous garantir: il y en aura d'autres.
J45 - Vendredi 23 novembre 2012

Distance: 105km
Au cour de la nuit du 21, mon nez s'est fait poudré: la neige traversait au passoir le moustiquaire de ma tente. Mais j'étais bien protégé, bien qu'au réveil, un montagne de neige recouvrait les deux côté de ma tente et le vent continuait de brasser.
Un voisin m'a accueilli chez lui et j'ai passé la journée du 22 au chaud. Heureusement! car les route était impraticable, plusieurs accident, la trans-canadienne (Hwy 1) fut même fermée.
Un voisin m'a accueilli chez lui et j'ai passé la journée du 22 au chaud. Heureusement! car les route était impraticable, plusieurs accident, la trans-canadienne (Hwy 1) fut même fermée.
Aujourd'hui, 100km me sépare de Régina, il fait -20°C au mercure et les vents balaient la plaine en rafale. Mon eau est cryogénisée, mes barres tendre sont dur comme le métal et mes caméras sont figées. Au départ, j'avais plus l'air d'un aviateur que d'un cycliste, avec mes lunettes de ski, ma cagoule bien ajusté, laissant le nez à la merci du froid glacial.
Mes hôtes m'ont amené depuis leur maison jusqu'à la route pavée, quelques centaines de mètres plus loin, et j'ai repris mon chemin. À peine 15km plus tard, j'en avais déjà ras-le-bol: j'avais les pieds gelées, et mon système de multicouche était inefficace. |
J'ai voulu arrêter à Yellow Grass, mais il n'y avait aucun endroit public. C'est à Milestone, 15km plus loin encore, que j'ai trouvé un petit garage qui m'a laissé utiliser ses chaises et le confort intérieur le temps de changer mes vêtements.
Le système de couche est fantastique, il permet à quiconque d'ajuster son confort thermal et aérodynamique pendant une activité. Le fait que je doivent m'arrêter pour le modifier indique un problème.
Le système de couche est fantastique, il permet à quiconque d'ajuster son confort thermal et aérodynamique pendant une activité. Le fait que je doivent m'arrêter pour le modifier indique un problème.
Système de multicouche pour débutantPrincipe de base: on s'habille comme un oignon; toujours éviter le coton; favoriser l'aération; utiliser des fermeture éclair.
Le dernier point est très important car il permet de contrôler le flux d'air en contact avec la peau et circulant à travers les couches. Mais pour assurer une bonne protection du froid, il faut ultimement avoir une couche protégeant du vent. Pour protéger du vent on peut utiliser un coupe-vent, ou un imperméable. Le premier laisse passer l'air mais pas le vent, et il protège d'une pluie modeste. Le second est imperméable à l'eau et à l'air, une grosse pluie ne traversera pas le tissus. Je déconseille l'utilisation d'un imperméable sous 0°C car la pluie sera neige et alors vôtre contrôle de l'humidité de votre corps est d'autant plus important. |
J'ai opté pour mon imperméable au matin car j'ai cru nécessaire d'avoir un capuchon coupe-vent, ce fut une grave erreur. À mon arrêt à Milestone (nom de ville très approprié je dirais), j'avais les bras complètement gelés. La cause était le port d'un imperméable: ma sueur de mes bras, emprisonnée par les manches imperméables, s'accumule sur mes couches de vêtement et fait un contact entre le froid extérieur et ma peau. J'ai dû changer mes couches internes, complètement mouillées. Par peur d'avoir trop chaud, j'ai opté de mettre mon coupe vent sous mon chandail de laine polaire. Ce fut ma seconde grave erreur. Sur la route vers Régina, j'ai enfin fait ce que j'aurais dû faire dès le départ:
Couche 1: chandail technique (polyester)
Couche 2: chandail d'isolation thermique MEC
Couche 3: laine polaire
Couche 4: Coupe-vent
Avant de repartir de Milestone, il me fallait régler un second problème: mes pieds étaient trop froids. Il s'agissait d'un problème majeur également car je ne les sentait presque plus après seulement 30km, et il n'y a aucun autre arrêt possible pour les 70km restants jusqu'à Régina.
La cause: mes bottes ont de trop grandes trappes d'aération. Tout comme pour le multicouche, il faut éviter que les pieds aient trop chaud sinon la sueur annule l'effet protecteur des vêtements.
Ma solution: couvrir le bout des bottes à l'aide de chaussette, permettant ainsi une rentré d'air beaucoup plus petite par les trappes d'aération.
Ça m'aura pris bien plus d'une heure pour me réchauffer, me changer et manger. Pendant ce temps, quelques camionneurs se sont arrêtés au garage et m'ont offert de me déposer à Régina. Ç'aurait été bien plus facile de tout quitter, par ce temps, mais à 70km du but, c'est pas le temps d'abandonner!
Quand enfin je suis sorti, l'air froid m'a pris par surprise, mais j'ai pris la route et j'ai vite atteint un bon rythme. J'y ai enfin pris plaisir, après 30km à geler, je croyais enfin que pédaler à -20°C c'est agréable, que traverser les prairies jusqu'à Calgary est possible, qu'une tempête de neige ça se gère...
Couche 1: chandail technique (polyester)
Couche 2: chandail d'isolation thermique MEC
Couche 3: laine polaire
Couche 4: Coupe-vent
Avant de repartir de Milestone, il me fallait régler un second problème: mes pieds étaient trop froids. Il s'agissait d'un problème majeur également car je ne les sentait presque plus après seulement 30km, et il n'y a aucun autre arrêt possible pour les 70km restants jusqu'à Régina.
La cause: mes bottes ont de trop grandes trappes d'aération. Tout comme pour le multicouche, il faut éviter que les pieds aient trop chaud sinon la sueur annule l'effet protecteur des vêtements.
Ma solution: couvrir le bout des bottes à l'aide de chaussette, permettant ainsi une rentré d'air beaucoup plus petite par les trappes d'aération.
Ça m'aura pris bien plus d'une heure pour me réchauffer, me changer et manger. Pendant ce temps, quelques camionneurs se sont arrêtés au garage et m'ont offert de me déposer à Régina. Ç'aurait été bien plus facile de tout quitter, par ce temps, mais à 70km du but, c'est pas le temps d'abandonner!
Quand enfin je suis sorti, l'air froid m'a pris par surprise, mais j'ai pris la route et j'ai vite atteint un bon rythme. J'y ai enfin pris plaisir, après 30km à geler, je croyais enfin que pédaler à -20°C c'est agréable, que traverser les prairies jusqu'à Calgary est possible, qu'une tempête de neige ça se gère...
J44 - Jeudi 22 novembre 2012
À 10am, je suis toujours bien à l'abris dans mon sac de couchage et songe à partir, il me reste encore 100km, mais dans la neige, ça risque de pas être facile. Les chiens bouge autour de la tente, je range tout, mes pieds ont déjà froids, c'est mauvais signe, je ne suis même pas parti!
Je sors et me dirige vers mon vélo lorsque j'entends un pick-up s'approcher. Un homme, surment dans la 50aine, me demande si tout va bien, et tente de savoir si je compte partir par ce temps. Il m'annonce que l'autoroute 1 est fermée et que le route 6, celle sur laquelle je pédalait hier et m'amènera à Régina, est couverte de neige. Il m'invite à prendre un chocolat chaud et à réfléchir à la situation au chaud. Mes pieds et bouteilles d'eau gelés me rappellent qu'un peu de chaleur serait le bienvenu.
Je lance donc ma tente, mon vélo et mes sacs à l'arrière du pick-up et on roule dans le pied de neige fraîchement tombé jusqu'à sa maison où sa femme m'y accueille chaleureusement et m'offre de faire chauffer mes gants. Quelques minutes plus tard, alors que j'évaluais la situation sur la route, elle m'annonce gentiment mais d'un ton autoritaire qu'il n'est pas question que je quitte aujourd'hui: les routes sont fermés, on parle même d'un mort déjà sur l'autoroute 1.
Bref, j'ai renoncé à partir et j'ai profité d'une visite guidée de la ferme. Ken, le mari, a répondu patiemment à mes 1001 questions sur toutes les machines et équipements qu'il possédait. Ce fut un arrêt forcé très agréable et plus que nécessaire, je m'en rend bien compte avec du recul.
C'est important de se rappeler que sur la route, aussi prudent puis-je être, la route est difficile pour tout le monde, et avec un vélo dans tout ça, tout le monde finit par être stressé.
Maintenant que la tempête est passée et que les routes sont balayées, c'est le temps de franchir les derniers 100km qui me séparent de mon hôte et amie Jamie que je n'ai pas vue depuis 3 ans.
Je sors et me dirige vers mon vélo lorsque j'entends un pick-up s'approcher. Un homme, surment dans la 50aine, me demande si tout va bien, et tente de savoir si je compte partir par ce temps. Il m'annonce que l'autoroute 1 est fermée et que le route 6, celle sur laquelle je pédalait hier et m'amènera à Régina, est couverte de neige. Il m'invite à prendre un chocolat chaud et à réfléchir à la situation au chaud. Mes pieds et bouteilles d'eau gelés me rappellent qu'un peu de chaleur serait le bienvenu.
Je lance donc ma tente, mon vélo et mes sacs à l'arrière du pick-up et on roule dans le pied de neige fraîchement tombé jusqu'à sa maison où sa femme m'y accueille chaleureusement et m'offre de faire chauffer mes gants. Quelques minutes plus tard, alors que j'évaluais la situation sur la route, elle m'annonce gentiment mais d'un ton autoritaire qu'il n'est pas question que je quitte aujourd'hui: les routes sont fermés, on parle même d'un mort déjà sur l'autoroute 1.
Bref, j'ai renoncé à partir et j'ai profité d'une visite guidée de la ferme. Ken, le mari, a répondu patiemment à mes 1001 questions sur toutes les machines et équipements qu'il possédait. Ce fut un arrêt forcé très agréable et plus que nécessaire, je m'en rend bien compte avec du recul.
C'est important de se rappeler que sur la route, aussi prudent puis-je être, la route est difficile pour tout le monde, et avec un vélo dans tout ça, tout le monde finit par être stressé.
Maintenant que la tempête est passée et que les routes sont balayées, c'est le temps de franchir les derniers 100km qui me séparent de mon hôte et amie Jamie que je n'ai pas vue depuis 3 ans.
J43 - Mercredi 21 novembre 2012

Distance: 122km
La première chose que j'ai fait une fois la tente remballée et enfin arrivé à la ville d'Estevan 20km plus loin c'est de trouver un Tim Hortons et un gros chocolat chaud, question de confirmé mon arrivé en territoire canadien!
La route saskatchewannaise est bien peu excitante et si ce n'est pour le point touristique du Roché Percé de Saskatchewan (sans blague), et bien je n'aurais rien à dire.
Le paysage est neutre, le vent est coupant, l'air frais se refroidi, et les silos défilent un après les autres. J'arrive à une petite fermette bien isolé sur le coin d'une intersection en terre battue. Il fait déjà noir et on me permet d'installer ma tente sur le terrain, les chiens dorment dehors aussi, j'aurais de la compagnie. Je me prend un coin à l'abri du vent qui est impossible d'ignorer. Je m'abrite sous ma tente, me déshabille et m'enrobe de mon sac de couchage. Pour le première fois, je dors avec le sac de couchage fermé et je recouvre mon visage pour que seul mon nez soit visible. On annonce -20C cette nuit.
Vers 4h du matin, je me réveille: il neige sur mon nez. Je sors ma tête du sac de couchage et voit qu'une tempête fait rage dehors, le vent apporte la neige par en dessous elle pénètre à travers le moustiquaire et saupoudre mes vêtements, mon sac de couchage et mon nez.
À 9am, la tempête fait toujours rage, je ferme les yeux, je repousse cette pensée à plus tard...
La route saskatchewannaise est bien peu excitante et si ce n'est pour le point touristique du Roché Percé de Saskatchewan (sans blague), et bien je n'aurais rien à dire.
Le paysage est neutre, le vent est coupant, l'air frais se refroidi, et les silos défilent un après les autres. J'arrive à une petite fermette bien isolé sur le coin d'une intersection en terre battue. Il fait déjà noir et on me permet d'installer ma tente sur le terrain, les chiens dorment dehors aussi, j'aurais de la compagnie. Je me prend un coin à l'abri du vent qui est impossible d'ignorer. Je m'abrite sous ma tente, me déshabille et m'enrobe de mon sac de couchage. Pour le première fois, je dors avec le sac de couchage fermé et je recouvre mon visage pour que seul mon nez soit visible. On annonce -20C cette nuit.
Vers 4h du matin, je me réveille: il neige sur mon nez. Je sors ma tête du sac de couchage et voit qu'une tempête fait rage dehors, le vent apporte la neige par en dessous elle pénètre à travers le moustiquaire et saupoudre mes vêtements, mon sac de couchage et mon nez.
À 9am, la tempête fait toujours rage, je ferme les yeux, je repousse cette pensée à plus tard...
J42 - Mardi 20 novembre 2012 - Partie III
De toutes mes journées à vélo depuis mon départ le 10 octobre, le 20 novembre ne fut ni efficace, ni facile, et pourtant, très productif. Je quitte la maison de Karen à 4pm, le soleil se rapproche déjà de l'horizon et sur ma carte, le Canada c'est à peine à une largeur de petit doigt, mais les douanes sont encore à 100km de là. Le trajet n'est plus dans la vallée: de grands champs m'entoure mais les vents sont moins forts, mais si peu aidant.
À dire vrai, le paysage était peu mémorable: les champs sont jaunes foin couvert d'une couche de neige clairsemée et la route est longue et droite. Le soleil s'est finalement couché vers 5h30 et normalement je chercherais déjà une campement à cette heure, mais lorsqu'on est à peine à une largeur de petit doigt de distance, on fait des folies. J'ai donc foncé dans la nuit, dans un désert de champs inhabités qui longeaient en paralèlle à moins de 5km la frontière canado-américaine. La nuit était si noir j'en étais un peu effrayé. de temps en temps, je pouvais voir un flare brûlant une flame géante au loin. Les "flares" sont des bouche de sortie pour le gaz qui est généralement présent avec le pétrole. Le pétrole étant bien plus lucratif, c'est plus avantageux de brûler le gaz que d'en exploiter son énergie. Dans cette scène post-apocalyptique, je m'avance et regarde les étoiles à travers l'ombre des nuages pour m'encourager.
À 10h30pm, j'arrive à des douanes toutes aussi vides et un douanier canadien m'accueille en souriant.
- "Ce n'est pas un peu froid pour faire du vélo?" qu'il me dit
- Je lui répond, avec un sourire en coin: "Non, en autant que je ne reste pas immobile ici trop longtemps!"
Il s'esclaffe et s'empresse de laisser repartir: me revoilà au Canada!
Yay?
En fait, les douanes, dans la ville de North Gate, ne sont pas vraiment dans une ville. Sinon pour les 3 maisons autour, il n'y a rien. Je tente donc ma chance de trouver âme qui vive sur mon chemin et repars vers le nord-ouest.
Au loin, des flares immenses illuminent ma route. Après un autre 30km, j'abandonne, il n'y a personne ici et il est déjà presque minuit. Autour de moi, que des champs, de champs, des champs et un arbre. Je me dirige vers l'arbre, à peine à 20m de la route, j'y trouve un endroit plat, caché sous le branchage, à l'abris de la vue (kindof) et surtout des phares des rares camions sur la route, et j'y installe mon campement. Par peur de bouger et d'être perçu comme un animal auprès d'un chasseur hypothétique (c'est la saison de la chasse après tout!), je m'installe rapidement et ne bouge plus. Je suis épuisé et stressé, mais enfin de retour au Canada, mission accomplie.
Bonne nuit.
À dire vrai, le paysage était peu mémorable: les champs sont jaunes foin couvert d'une couche de neige clairsemée et la route est longue et droite. Le soleil s'est finalement couché vers 5h30 et normalement je chercherais déjà une campement à cette heure, mais lorsqu'on est à peine à une largeur de petit doigt de distance, on fait des folies. J'ai donc foncé dans la nuit, dans un désert de champs inhabités qui longeaient en paralèlle à moins de 5km la frontière canado-américaine. La nuit était si noir j'en étais un peu effrayé. de temps en temps, je pouvais voir un flare brûlant une flame géante au loin. Les "flares" sont des bouche de sortie pour le gaz qui est généralement présent avec le pétrole. Le pétrole étant bien plus lucratif, c'est plus avantageux de brûler le gaz que d'en exploiter son énergie. Dans cette scène post-apocalyptique, je m'avance et regarde les étoiles à travers l'ombre des nuages pour m'encourager.
À 10h30pm, j'arrive à des douanes toutes aussi vides et un douanier canadien m'accueille en souriant.
- "Ce n'est pas un peu froid pour faire du vélo?" qu'il me dit
- Je lui répond, avec un sourire en coin: "Non, en autant que je ne reste pas immobile ici trop longtemps!"
Il s'esclaffe et s'empresse de laisser repartir: me revoilà au Canada!
Yay?
En fait, les douanes, dans la ville de North Gate, ne sont pas vraiment dans une ville. Sinon pour les 3 maisons autour, il n'y a rien. Je tente donc ma chance de trouver âme qui vive sur mon chemin et repars vers le nord-ouest.
Au loin, des flares immenses illuminent ma route. Après un autre 30km, j'abandonne, il n'y a personne ici et il est déjà presque minuit. Autour de moi, que des champs, de champs, des champs et un arbre. Je me dirige vers l'arbre, à peine à 20m de la route, j'y trouve un endroit plat, caché sous le branchage, à l'abris de la vue (kindof) et surtout des phares des rares camions sur la route, et j'y installe mon campement. Par peur de bouger et d'être perçu comme un animal auprès d'un chasseur hypothétique (c'est la saison de la chasse après tout!), je m'installe rapidement et ne bouge plus. Je suis épuisé et stressé, mais enfin de retour au Canada, mission accomplie.
Bonne nuit.
J42 - Mardi 20 novembre 2012 - Partie II
C'était une grosse journée, on peut dire ça comme ça...
Je vous ai déjà dit que le Dakota du Nord c'est "hot" comme place c'est temps-ci pour ce qui est de l'exploitation du pétrole? C'est tellement hot que tout le monde arrive d'un coup pour la ruée vers l'or noir. Du monde pas toujours cool. North Dakota (ND) c'est un petit joyau qui a su passé inaperçu selon les locaux. |
Maintenant, ce n'est plus ce qu'il était: crime et prostitution sont à la hausse, et le beau paysage montagneux de l'ouest du ND est maintenant en chantier. Alors des camions qui déménage d'autre camion, ou des outils géants, et même des maisons mobiles, j'en ai vu. Mais sur le chemin vers Kenmare, j'ai eu droit au King Kong des camions.
Le chemin vers Kenmare se démarque par son léger relief: un grand bout se fait dans une vallée qui, bien évidemment, guide un bon vent directement au visage. Chemin faisant, un pick-up avec une antenne de 2m et un girophare orange vient à mes côtés et tente d'engager la discussion. Je le regarde, il me fait un signe qui veut dire "bouge vers la droite" puis il me pointe vers l'arrière. Derrière moi, un camion tire sur une plateforme large de deux voies une maison (entière!) elle même large de trois voies. Sur notre belle route à une voie, je n'ai d'autre choix de stationner mon vélo dans la brousse, le temps que le monstre passe et je me dis de façon calme et posée dans ma tête: "What the [what]!?!" J'aurai tout vu.
Mon plan, jusqu'à présent, est mal partie: il est déjà 2:30pm et j'arrive tout juste à Kenmare: 50/145km de fait... oh boy. Je m'arrête chez Karen, le temps d'être poli, mais elle me sort un jambon et me fait un sandwich que je n'ai pas pu refuser. À peine 15 minutes plus tard, Karen et moi on est de bon amis et elle m'offre d'inviter une journaliste. Il est déjà 3h, je suis foutu, mais j'ai jamais été interviewé, ça pourrait être drôle! Conclusion: c'est gratifiant de voir sa bette dans un journal. Vous pouvez lire l'article en cliquant sur la photo à gauche. |
J42 - Mardi 20 novembre 2012
Malgré mes grandes ambitions de franchir 90 miles (145km) aujourd'hui, je n'ai pu m'empêcher de prendre mon temps en compagnie de Joyce et du "déjeuner du guerrier" qu'elle m'a préparé. Ce fut un départ symbolique, car je quittais Joyce et sa famille, Dave, Cheryl, Jen et la ferme de Fergus Fall.
Mais avant de quitter la ville, il me fallait tenter ma chance chez le soudeur. Mon porte-bagages avant n'est plus aussi fringant qu'il était et il s'est cassé une barre de soutien. Sans cette barre, mon porte-bagages fait une drôle de contorsion.
Minot c'est pas bien grand, malgré qu'il s'agit d'une ville majeur au Dakota du Nord. J'ai vite fait de me rendre chez le soudeur qui, lui, a vite fait de me dire que c'est de l'aluminium ça et qu'il peut pas tenter une réparation sans retirer le porte-bagage de mon vélo. J'évalue la situation en 10 secondes: mon porte bagages arrière est attaché solidement avec un amalgame de ficelle et de zip-tie. Si j'en retire un, tout tombe et il me faudra tout recommencer dans le cas hypothétique que le soudeur répare le porte bagages. Non. J'ai un Canada à aller conquérir, je vais pas défaire mon setup de vélo et y passer 1h30 à le rapiécer. Peut-être que ce sera pas si mal, après-tout mes bagages se plaignent pas!
Et hop sur la route vers la ville de Kenmare où Karen, amie de Joyce, m'y attend pour le lunch...
Mais avant de quitter la ville, il me fallait tenter ma chance chez le soudeur. Mon porte-bagages avant n'est plus aussi fringant qu'il était et il s'est cassé une barre de soutien. Sans cette barre, mon porte-bagages fait une drôle de contorsion.
Minot c'est pas bien grand, malgré qu'il s'agit d'une ville majeur au Dakota du Nord. J'ai vite fait de me rendre chez le soudeur qui, lui, a vite fait de me dire que c'est de l'aluminium ça et qu'il peut pas tenter une réparation sans retirer le porte-bagage de mon vélo. J'évalue la situation en 10 secondes: mon porte bagages arrière est attaché solidement avec un amalgame de ficelle et de zip-tie. Si j'en retire un, tout tombe et il me faudra tout recommencer dans le cas hypothétique que le soudeur répare le porte bagages. Non. J'ai un Canada à aller conquérir, je vais pas défaire mon setup de vélo et y passer 1h30 à le rapiécer. Peut-être que ce sera pas si mal, après-tout mes bagages se plaignent pas!
Et hop sur la route vers la ville de Kenmare où Karen, amie de Joyce, m'y attend pour le lunch...
J41 -Lundi 19 novembre 2012 - Partie II
La petite ville de Minot n'est pas particulièrement mémorable, si ce n'est pour les quelques rues pentues, fait surprenant étant donné le monotone plat des prairies. La maison de Joyce est située à l'extrémité de Minot au sommet d'une butte d'où on peut voir les lumières d'une ville sans grand centre, au milieu des champs du nord des États-Unis.
Joyce, une grand-mère enthousiasmée et allumée, m'accueille chaleureusement. À peine arrivé que les effluves d'un délicieux repas chaud m'assaillent. Il me faudra insister auprès de Joyce, malgré moi, pour prendre une douche avant le repas. Les bonnes manières d'abords! Mon hôtesse, en bonne maman qu'elle est, prend soin de moi comme un fils. On apprend à se connaître et, dans un élan d'inspiration, Joyce décide que je dois m'arrêter chez son amie, Karen, qui se trouve 50km plus loin, sur mon chemin. J'avais le naïf espoir de franchir les 90 miles qui me séparent de la frontière canadiennes, je me suis donc entendu avec Karen que, si tout vas bien, j'irai la voir pour le lunch, et en cas de grands vents, je resterai pour la nuit.
La soirée en compagnie de Joyce file à toute allure, tout deux engagés dans une discussion composée aussi bien de mes péripéties que des siennes.
Si je franchi la frontière demain, il ne me restera plus que deux jours pour me rendre à Régina! Il fait plus frais, ça sent le Canada...
Joyce, une grand-mère enthousiasmée et allumée, m'accueille chaleureusement. À peine arrivé que les effluves d'un délicieux repas chaud m'assaillent. Il me faudra insister auprès de Joyce, malgré moi, pour prendre une douche avant le repas. Les bonnes manières d'abords! Mon hôtesse, en bonne maman qu'elle est, prend soin de moi comme un fils. On apprend à se connaître et, dans un élan d'inspiration, Joyce décide que je dois m'arrêter chez son amie, Karen, qui se trouve 50km plus loin, sur mon chemin. J'avais le naïf espoir de franchir les 90 miles qui me séparent de la frontière canadiennes, je me suis donc entendu avec Karen que, si tout vas bien, j'irai la voir pour le lunch, et en cas de grands vents, je resterai pour la nuit.
La soirée en compagnie de Joyce file à toute allure, tout deux engagés dans une discussion composée aussi bien de mes péripéties que des siennes.
Si je franchi la frontière demain, il ne me restera plus que deux jours pour me rendre à Régina! Il fait plus frais, ça sent le Canada...
J41 - Lundi 19 novembre 2012

Distance: 85km
Jusqu'à présent, ma roue arrière n'a toujours pas flanché, il ne me reste plus que que 80km avant d'arriver à Minot, où je pourrai passer chez le vélo-docteur.
La route jusqu'à Minot était,une fois de plus, bien chargée de camions, de semi-remorques et de maisons mobiles de toute sorte. J'en ai vu tant que j'ai fini par en les classifier!
La route jusqu'à Minot était,une fois de plus, bien chargée de camions, de semi-remorques et de maisons mobiles de toute sorte. J'en ai vu tant que j'ai fini par en les classifier!
Le trajet sinon est bien plat, le Dakota du Nord n'a pas beaucoup de relief, et le paysage ressemble à comment je m'imaginais les prairies Canadiennes. Depuis la ferme à Fergus Falls, on m'a répété et répété combien le développement pétrolier dans l'ouest du pays a détérioré la qualité de vie de ses habitants. Le gens accourent vers l'argent que promet le boom pétrolier, les gens arrivent en masse, avec leur propre caravane ou bien emménage dans des taudis, des maisons délabrée ou dans les nouvelles maisons mobiles qui déferlent sur les route en direction vers le Nord-Ouest. Ce qui explique pourquoi j'ai vu tant de maisons mobiles. J'en ai même vu une qui prenait trois voies de large, il m'a fallu sortir complètement de l'accotement, et le trafic de la voie inverse doit rouler dans leur accotement. C'était tout qu'un spectacle que de voir ce mastodonte sur la route.
Les nouveaux venus ont mauvaise réputation, ils sont reconnus pour avoir apporter avec eux des maux qui n'existait pas au Dakota du Nord auparavant, tel que le crime et la prostitution. Voilà pourquoi les gens étaient plus méfiants lorsque je cognais à leur porte! |
Je suis finalement arrivé à Minot en fin d'après-midi, juste avant la fermeture du vélo-docteur qui a pu me faire un travail minutieux et efficace sur ma roue arrière. J'en ai profité pour acheter l'outil qu'il me fallait au cas où je devrais réparer ma roue moi-même. Il m'expliqua que tous les rayons de ma roue arrière était rayés, signe que ma chaîne a dû coincé et abîmer tout mes rayons, il a dû tous les changer! Quel chance j'ai eu qu'aucun rayon supplémentaire n'éclate jusqu'ici!
Alors que je m'appliquais à remettre mes bagages sur mon vélo, la sonnerie du téléphone de l'atelier de vélo retenti. Le commis réponds, puis s'avance vers moi et le mécanicien et demande tout haut, mais clairement s'adressant à moi: "Is there a guy from Montreal here?". J'hoche la tête et prend le combiné et répond en anglais "bonjour?".
Une voie à l'autre bout de la ligne s'exclame dans une voie énergique, mais usée: "Rémi! Are you done soon at the shop? I'll have your dinner ready when you arrive."
Et comme ça, sans autre préambule, je venait de faire connaissance avec Joyce.
Alors que je m'appliquais à remettre mes bagages sur mon vélo, la sonnerie du téléphone de l'atelier de vélo retenti. Le commis réponds, puis s'avance vers moi et le mécanicien et demande tout haut, mais clairement s'adressant à moi: "Is there a guy from Montreal here?". J'hoche la tête et prend le combiné et répond en anglais "bonjour?".
Une voie à l'autre bout de la ligne s'exclame dans une voie énergique, mais usée: "Rémi! Are you done soon at the shop? I'll have your dinner ready when you arrive."
Et comme ça, sans autre préambule, je venait de faire connaissance avec Joyce.
J40 - Dimanche 18 novembre 2012
Dave est un homme caustaud, la tête grisonnante et le visage habitué au soleil. Sa femme, Cheryl, est svelte et tout aussi en forme, ils ont l'air de fermiers. Déjà dans leur 50aine avancé, des photos de leur enfants et petits enfant son fièrement affiché dans une maison finement décorée. Je revois le visage familier du couple de fermier de Fergus Falls, avec ses enfants à lui, et je vois aussi Joyce, que j'allais rencontrer bientôt...
La maison est à plus de 2km de la route principale et à 1km du premier voisin, une femme de 70 ans qui fait encore ses propre rénovation sur sa ferme, ouf!
Le sous-sol contient une chambre d'ami, et un grand espace où je peux faire sécher ma tente, encore mouillée de la givre fondue du matin.
Dave et Cheryl m'accueillent chez eux comme si je faisais parti de la famille, un bon repas sur la table et de grande discussion sur la politique américaine (les élections sont encore fraîches) et sur la vie sur la ferme. Le couple a élevé des bovins pendant plusieurs années, possèdes de nombreux hectares de champs qu'ils cultivent et Cheryl est enseignante depuis 10 ans, il y a de quoi être impressionnée par ce mode de vie bien chargé.
En soirée, Dave regarde un documentaire sur le Dust Bowl et je suis instantanément fasciné par ce pan de l'histoire qui m'était jusqu'à présent inconnu!
Le dust bowl réfère en fait une région du mid-ouest américain correspondant à l'étendu des prairies du Canada. Dans les années 30, il y eu un boom de l'agriculture et de nombreux américains venaient au mid-ouest pour réclamer une parcèle de terre gratuitement et la travailler. N'importe qui réclamant un lot de terre et travaillant à "l'améliorer" pouvait devenir propriétaire du lot. Et donc, en l'espace de quelques mois, sont apparus les "suitcase famers" (fermiers veston-cravate) qui réclamait un lot de terre énorme, puis engageait des fermiers pour la travailler, défricher, semer, récolter...
La faible pluie des prairies en inquiétait quelque uns, mais les promoteurs promettaient que "la puie vient après le défrichage", concept qui m'est encore bien obscure.
En l'espace de quelques mois, le défrichage intense (consistant à relever la terre gazonnée des prairies et la retourner pour que que le gazon servent d'engrais à la semence) a créé un problème d'envergure: dans une période de sécheresse, le sol est devenu poussière et, n'ayant plus d'herbe pour ralentir les grands vents des prairies, la poussière s'est envolée en nuage au dimension titanesque. De nombreux chevaux, des enfants et même des hommes ont été retrouvés ensevelis ou asphyxiés. Les fermiers, reconnus pour leur esprit indépendant et leur fort caractère, se sont unis puis on lancé un appel au secours dans une lettre au président.
Les scientifiques ont finalement identifié la cause des tempêtes de poussière (dust storms) au terrain maintenant complètement défriché et urgent les fermiers de garder 1/3 de leur terre en jachère. Mais il s'agit d'un problème de communauté, un seul individu mettant sa terre en jachère ne règle rien, il faut que tous s'y mette! Mais réduire la production de sa terre, en temps dure est une perte de revenu certaine. Pour éviter la famine, les bovins sont exterminés (car ils consomment trop), ce sont des temps de pauvreté et de qualité de vie très basses. Les fermiers ont dû s'unir à nouveau et lutter contre les quelques fermiers ne renonçant pas à une partie de leur terre, l'enjeu était la survie de tout le monde.
Lorsque la règle de la jachère fut respectée et appliquée, les tempêtes de sable ont cessé en un temps records et les champs ont re-prospéré. Mais pour y parvenir, ça aura pris plus de 12 ans, et durant ce temps, il y a eu de nombreux exiles, et de grands abus, des richesses fondées sur le malheur des autres et un famine "man-made".
Pourquoi est-ce que cette histoire m'a fasciné? J'ai maintenant un grand intérêt pour la nourriture et la façon dont elle arrive à mon assiette. Cette histoire m'a fait réalisé quels sont les dangers de l'agriculture industrielle (massive). Mais c'est la seconde partie de cette histoire qui m'a inquiété:
Durant mon voyage à vélo dans le mid-ouest, , bien que je soit demeuré bien au nord, il m'était possible de voir les grands tuyaux utilisés pour arroser les champs. Un grand tuyaux de plusieurs centaines de mètre, sur roue, et percé de trous. Une des extrémités est relié à un réservoir fixé au sol. Je me suis longtemps demandé comment on pouvait arroser un champs avec un si petit réservoir. La réponse m'est venu à la fin de ce documentaire. Si on visite le mid-ouest maintenant, on y trouvera des champs à perte de vue, le principe de jachère n'est plus très bien respecté, au nom du rendement. Pourtant, les champs sont d'un verts éclatant, l'agriculture se porte très bien. La raison est triste: sous la grande région du mid-ouest américain se trouve un réservoir d'eau potable tout aussi vaste, s'étendant du Mexique au Canada, et sur plus de 1000km de longitude. Ce réservoir est celui que les fermier utilisent pour arroser leur champs, puisant à même l'un des plus grandes étendue d'eau douce sous-terrain. Ce réservoir, utilisé depuis près de 60ans, est maintenant au tiers du volume qu'il occupait initialement.
Et comme dirait l'autre: si la tendance se maintient, ça va pas être drôle.
La maison est à plus de 2km de la route principale et à 1km du premier voisin, une femme de 70 ans qui fait encore ses propre rénovation sur sa ferme, ouf!
Le sous-sol contient une chambre d'ami, et un grand espace où je peux faire sécher ma tente, encore mouillée de la givre fondue du matin.
Dave et Cheryl m'accueillent chez eux comme si je faisais parti de la famille, un bon repas sur la table et de grande discussion sur la politique américaine (les élections sont encore fraîches) et sur la vie sur la ferme. Le couple a élevé des bovins pendant plusieurs années, possèdes de nombreux hectares de champs qu'ils cultivent et Cheryl est enseignante depuis 10 ans, il y a de quoi être impressionnée par ce mode de vie bien chargé.
En soirée, Dave regarde un documentaire sur le Dust Bowl et je suis instantanément fasciné par ce pan de l'histoire qui m'était jusqu'à présent inconnu!
Le dust bowl réfère en fait une région du mid-ouest américain correspondant à l'étendu des prairies du Canada. Dans les années 30, il y eu un boom de l'agriculture et de nombreux américains venaient au mid-ouest pour réclamer une parcèle de terre gratuitement et la travailler. N'importe qui réclamant un lot de terre et travaillant à "l'améliorer" pouvait devenir propriétaire du lot. Et donc, en l'espace de quelques mois, sont apparus les "suitcase famers" (fermiers veston-cravate) qui réclamait un lot de terre énorme, puis engageait des fermiers pour la travailler, défricher, semer, récolter...
La faible pluie des prairies en inquiétait quelque uns, mais les promoteurs promettaient que "la puie vient après le défrichage", concept qui m'est encore bien obscure.
En l'espace de quelques mois, le défrichage intense (consistant à relever la terre gazonnée des prairies et la retourner pour que que le gazon servent d'engrais à la semence) a créé un problème d'envergure: dans une période de sécheresse, le sol est devenu poussière et, n'ayant plus d'herbe pour ralentir les grands vents des prairies, la poussière s'est envolée en nuage au dimension titanesque. De nombreux chevaux, des enfants et même des hommes ont été retrouvés ensevelis ou asphyxiés. Les fermiers, reconnus pour leur esprit indépendant et leur fort caractère, se sont unis puis on lancé un appel au secours dans une lettre au président.
Les scientifiques ont finalement identifié la cause des tempêtes de poussière (dust storms) au terrain maintenant complètement défriché et urgent les fermiers de garder 1/3 de leur terre en jachère. Mais il s'agit d'un problème de communauté, un seul individu mettant sa terre en jachère ne règle rien, il faut que tous s'y mette! Mais réduire la production de sa terre, en temps dure est une perte de revenu certaine. Pour éviter la famine, les bovins sont exterminés (car ils consomment trop), ce sont des temps de pauvreté et de qualité de vie très basses. Les fermiers ont dû s'unir à nouveau et lutter contre les quelques fermiers ne renonçant pas à une partie de leur terre, l'enjeu était la survie de tout le monde.
Lorsque la règle de la jachère fut respectée et appliquée, les tempêtes de sable ont cessé en un temps records et les champs ont re-prospéré. Mais pour y parvenir, ça aura pris plus de 12 ans, et durant ce temps, il y a eu de nombreux exiles, et de grands abus, des richesses fondées sur le malheur des autres et un famine "man-made".
Pourquoi est-ce que cette histoire m'a fasciné? J'ai maintenant un grand intérêt pour la nourriture et la façon dont elle arrive à mon assiette. Cette histoire m'a fait réalisé quels sont les dangers de l'agriculture industrielle (massive). Mais c'est la seconde partie de cette histoire qui m'a inquiété:
Durant mon voyage à vélo dans le mid-ouest, , bien que je soit demeuré bien au nord, il m'était possible de voir les grands tuyaux utilisés pour arroser les champs. Un grand tuyaux de plusieurs centaines de mètre, sur roue, et percé de trous. Une des extrémités est relié à un réservoir fixé au sol. Je me suis longtemps demandé comment on pouvait arroser un champs avec un si petit réservoir. La réponse m'est venu à la fin de ce documentaire. Si on visite le mid-ouest maintenant, on y trouvera des champs à perte de vue, le principe de jachère n'est plus très bien respecté, au nom du rendement. Pourtant, les champs sont d'un verts éclatant, l'agriculture se porte très bien. La raison est triste: sous la grande région du mid-ouest américain se trouve un réservoir d'eau potable tout aussi vaste, s'étendant du Mexique au Canada, et sur plus de 1000km de longitude. Ce réservoir est celui que les fermier utilisent pour arroser leur champs, puisant à même l'un des plus grandes étendue d'eau douce sous-terrain. Ce réservoir, utilisé depuis près de 60ans, est maintenant au tiers du volume qu'il occupait initialement.
Et comme dirait l'autre: si la tendance se maintient, ça va pas être drôle.
J40 - Dimanche 18 novembre 2012

Distance: 113km
Le matin est frais et le couple qui m'accueille sur leur terrain m'invite à l'intérieur où je peux faire le plein d'eau pas gelée ;)
La journée n'est mémorable que par deux choses: la minuscule ville de Fessenden est sincèrement mignonne. Je ne me rappelle pas ce qui m'a marqué en particulier, mais je me rappelle m'être dis que c'est un bel endroit, paisible et joli.
La seconde chose qui m'a marqué est le trafic sur le route 50. Le flot incessant de camion, de semi-remorques, et de maisons mobiles qui m'ont dépassé sur cette route est ahurissant, surtout considérant que je n'avais vu presque aucun véhicule durant les derniers 2 jours!
À mon arrivée à Drake en milieu d'après-midi, j'appelle mon contact, Dave, et d'une voix incertaine il me répond. Drake est minuscule et j'étais au centre-ville, mais on m'indique de prendre la route vers les champs et un camion viendra m'intercepter. Tel que promis, 15 minutes plus tard, j'étais dans un camion, mon vélo à l'arrière, filant droit dans les terres sur des petites routes au milieu de grands champs.
La journée n'est mémorable que par deux choses: la minuscule ville de Fessenden est sincèrement mignonne. Je ne me rappelle pas ce qui m'a marqué en particulier, mais je me rappelle m'être dis que c'est un bel endroit, paisible et joli.
La seconde chose qui m'a marqué est le trafic sur le route 50. Le flot incessant de camion, de semi-remorques, et de maisons mobiles qui m'ont dépassé sur cette route est ahurissant, surtout considérant que je n'avais vu presque aucun véhicule durant les derniers 2 jours!
À mon arrivée à Drake en milieu d'après-midi, j'appelle mon contact, Dave, et d'une voix incertaine il me répond. Drake est minuscule et j'étais au centre-ville, mais on m'indique de prendre la route vers les champs et un camion viendra m'intercepter. Tel que promis, 15 minutes plus tard, j'étais dans un camion, mon vélo à l'arrière, filant droit dans les terres sur des petites routes au milieu de grands champs.
J39 - Samedi 17 novembre 2012

Distance: 96km
Cooperstown était situé à 160km de Fargo. Malgré mes déboires avec mon vélo et les terrains de terre, j'ai réussi à franchir 100 miles, une figure symbolique et un accomplissement personnel!
Je me permet un petit tour à l'épicerie pour manger quelques pâtisseries. Une fois ravitaillé en sucre, je démarre et prend la route vers Drake, où le frère du fermier de Fergus Fall devrait pouvoir m'accueillir.
Malgré la grande distance, je pense pouvoir y arriver car les vents sont encore en ma faveur. Mais c'est à ce moment là que je constate que ma roue arrière à un second rayon de brisé! Le vélo sur la route de boue et de roche a dû causer quelque dommage à la carrosserie. Il me reste encore 230km avant Minot, où je pourrais réparer ma roue. Je décide d'essayer de retirer le moyen moi-même. Je m'arrête dans un magasin de mécanique d'auto et tente de trouver des outils utiles, sans succès. J'y perds plus d'une heure de mon temps puis décide de rassembler mon vélo et tenter le trajet jusqu'à Minot, sachant très bien que désormais, chaque fissure dans la route pourrait faire éclater un nouveau rayon et me forcer à trouver un autre moyen de transport... au milieu de nul part.
Je décide d'arrêter à Sykeston, même s'il est encore tôt. C'est mieux que de risquer de faire la même chose qu'hier et devoir pédaler pendant 1h dans le noir à la recherche d'une maison habitée.
Je vois un groupe de fermier, tous habiller d'une vest orange fluo sur une grande ferme à bovin au bord de la grande route. Lorsqu'il me voit marcher en leur direction, ils arrêtent de parler, me regardent, incrédules. C'est une réaction familière. Je leur fait ma proposition habituelle: "Puis-je camper sur votre terrain? Je suis cycliste et serai parti demain matin."
Je trouve une parcelle de gazon parmi la neige et y installe ma tente. Je m'y glisse et y mange, lis et dors.
Je me permet un petit tour à l'épicerie pour manger quelques pâtisseries. Une fois ravitaillé en sucre, je démarre et prend la route vers Drake, où le frère du fermier de Fergus Fall devrait pouvoir m'accueillir.
Malgré la grande distance, je pense pouvoir y arriver car les vents sont encore en ma faveur. Mais c'est à ce moment là que je constate que ma roue arrière à un second rayon de brisé! Le vélo sur la route de boue et de roche a dû causer quelque dommage à la carrosserie. Il me reste encore 230km avant Minot, où je pourrais réparer ma roue. Je décide d'essayer de retirer le moyen moi-même. Je m'arrête dans un magasin de mécanique d'auto et tente de trouver des outils utiles, sans succès. J'y perds plus d'une heure de mon temps puis décide de rassembler mon vélo et tenter le trajet jusqu'à Minot, sachant très bien que désormais, chaque fissure dans la route pourrait faire éclater un nouveau rayon et me forcer à trouver un autre moyen de transport... au milieu de nul part.
Je décide d'arrêter à Sykeston, même s'il est encore tôt. C'est mieux que de risquer de faire la même chose qu'hier et devoir pédaler pendant 1h dans le noir à la recherche d'une maison habitée.
Je vois un groupe de fermier, tous habiller d'une vest orange fluo sur une grande ferme à bovin au bord de la grande route. Lorsqu'il me voit marcher en leur direction, ils arrêtent de parler, me regardent, incrédules. C'est une réaction familière. Je leur fait ma proposition habituelle: "Puis-je camper sur votre terrain? Je suis cycliste et serai parti demain matin."
Je trouve une parcelle de gazon parmi la neige et y installe ma tente. Je m'y glisse et y mange, lis et dors.
J38 - Vendredi 16 novembre 2012

Distance: 155km
Mon petit arrêt à l'atelier ne m'a retardé que d'une heure, et j'ai de bon vents de dos, mais parcourir 160km en une journée alors qu'il est déjà 11am, c'est un pari risqué. Que je tente tout de même.
Dès que je quitte Fargo, le paysage de la ville disparaît et les champs m'entoure, à perte de vue. Je suis à près de 2km de l'autoroute et pédale franc ouest, parallèle à celle-ci. Partout autour il n'y a que des champs. Je peux voir les camions sur l'autoroute, 2km au sud.
À peine 45km plus tard, j'arrive à un chemin de terre. Le chemin que j'avais tracé est en terre! Je m'inquiète un peu, 25km/h c'est facile avec un bon vent de dos sur une belle route, mais le chemin devant moi est terreux, troué et boueux parfois. J'espère que le route deviendra meilleur un peu plus loin, mais c'est tout le contraire. Je tente donc de me rapprocher de l'autoroute, mais les vents sont si forts que j'ai du mal à avance vers le sud et je ne pourrai pas pédaler sur l'autoroute de toute façon. Je fais demi-tour et pars vers le nord, puis vers l'ouest, puis vers le nord, jusqu'à être embourbé dans un chemin de boue, isolé de toute route cyclable peu importe la direction où je regarde. Si a moindre pensée de faire demi-tour me traversait l'esprit, elle était rapidement ignorée. Il me fallait continuer, il n'y a pas de chemin alternatif: le Dakota du Nord n'est PAS un état pour faire du vélo.
J'ai fini par rejoindre une route un peu plus large en petit roche. Est-ce qu'un chemin pavé serait plus rapidement rejoins vers le nord ou vers l'ouest? Je mise sur l'ouest et pédale pendant plus d'une heure en direction ouest sur une route non-pavée et, encore une fois, déserte. Le vent du sud me frappe le flanc gauche. Ma journée de de vélo à 30km/h vers Jamestown est officiellement à l'eau, il n'y a aucun chance que je rejoigne la ville ce soir. Je suis d'ailleurs déjà bien loin au nord, pas question que je redescende vers le sud, à contre-vent.
Au milieu de l'après-midi, j'atteins enfin une route pavé, le soleil est encore assez haut et le vent, encore assez fort. Je m'élance sur la route pavé, franc nord. Jamestown est hors de question, il me faudra trouver un autre endroit.
Sans m'en rendre compte vraiment, je file à toute allure vers le nord. J'ai seulement fait 30km en 2h30 sur le sentier en terre battu et en gravier et je veux profiter au maximum de ces vents qui me chatouillent le dos. Je pédale sans arrêt, je vais sans doute à 33-35km/h (mon odomètre étant défectueux, j'utilise les marqueurs de distance sur la route et ma montre).
Quand le soleil caresse l'horizon, j'ai réussi à franchir 140km et suis prêt à établir campement. Je frappe à une porte, il y a quelqu'un, mais personne ne répond. Il n'y a aucun autre maison en vue à l'horizon. Je frappe encore, puis décide de partir. Le soleil se couche et je reprend la route, pour les 20 prochains kilomètres, je ne verrai pas âme qui vive. Seulement d’intrigantes lumières rouges clignotant dans un champs, toutes alignées comme s'il s'agissait de lumière d'une allée d’atterrissage pour avions.
Une fois encore, il fait noir et je suis sur la route. Le ciel est couvert et il n'y a strictement personne autour. Que j'ai hâte de voir une seule maison avec des lumières!
Enfin j'arrive à une maison en bordure de Cooperstown, première petite ville depuis Fargo. La maison est énorme et le terrain est couvert de neige.
Je frappe à la porte et un homme costaud ouvre. Je demande, le plus innocemment du monde si je peux camper sur son terrain.
Il hésite. Puis il décide que je ne suis pas dangereux.
Ah! Enfin!!
Dès que je quitte Fargo, le paysage de la ville disparaît et les champs m'entoure, à perte de vue. Je suis à près de 2km de l'autoroute et pédale franc ouest, parallèle à celle-ci. Partout autour il n'y a que des champs. Je peux voir les camions sur l'autoroute, 2km au sud.
À peine 45km plus tard, j'arrive à un chemin de terre. Le chemin que j'avais tracé est en terre! Je m'inquiète un peu, 25km/h c'est facile avec un bon vent de dos sur une belle route, mais le chemin devant moi est terreux, troué et boueux parfois. J'espère que le route deviendra meilleur un peu plus loin, mais c'est tout le contraire. Je tente donc de me rapprocher de l'autoroute, mais les vents sont si forts que j'ai du mal à avance vers le sud et je ne pourrai pas pédaler sur l'autoroute de toute façon. Je fais demi-tour et pars vers le nord, puis vers l'ouest, puis vers le nord, jusqu'à être embourbé dans un chemin de boue, isolé de toute route cyclable peu importe la direction où je regarde. Si a moindre pensée de faire demi-tour me traversait l'esprit, elle était rapidement ignorée. Il me fallait continuer, il n'y a pas de chemin alternatif: le Dakota du Nord n'est PAS un état pour faire du vélo.
J'ai fini par rejoindre une route un peu plus large en petit roche. Est-ce qu'un chemin pavé serait plus rapidement rejoins vers le nord ou vers l'ouest? Je mise sur l'ouest et pédale pendant plus d'une heure en direction ouest sur une route non-pavée et, encore une fois, déserte. Le vent du sud me frappe le flanc gauche. Ma journée de de vélo à 30km/h vers Jamestown est officiellement à l'eau, il n'y a aucun chance que je rejoigne la ville ce soir. Je suis d'ailleurs déjà bien loin au nord, pas question que je redescende vers le sud, à contre-vent.
Au milieu de l'après-midi, j'atteins enfin une route pavé, le soleil est encore assez haut et le vent, encore assez fort. Je m'élance sur la route pavé, franc nord. Jamestown est hors de question, il me faudra trouver un autre endroit.
Sans m'en rendre compte vraiment, je file à toute allure vers le nord. J'ai seulement fait 30km en 2h30 sur le sentier en terre battu et en gravier et je veux profiter au maximum de ces vents qui me chatouillent le dos. Je pédale sans arrêt, je vais sans doute à 33-35km/h (mon odomètre étant défectueux, j'utilise les marqueurs de distance sur la route et ma montre).
Quand le soleil caresse l'horizon, j'ai réussi à franchir 140km et suis prêt à établir campement. Je frappe à une porte, il y a quelqu'un, mais personne ne répond. Il n'y a aucun autre maison en vue à l'horizon. Je frappe encore, puis décide de partir. Le soleil se couche et je reprend la route, pour les 20 prochains kilomètres, je ne verrai pas âme qui vive. Seulement d’intrigantes lumières rouges clignotant dans un champs, toutes alignées comme s'il s'agissait de lumière d'une allée d’atterrissage pour avions.
Une fois encore, il fait noir et je suis sur la route. Le ciel est couvert et il n'y a strictement personne autour. Que j'ai hâte de voir une seule maison avec des lumières!
Enfin j'arrive à une maison en bordure de Cooperstown, première petite ville depuis Fargo. La maison est énorme et le terrain est couvert de neige.
Je frappe à la porte et un homme costaud ouvre. Je demande, le plus innocemment du monde si je peux camper sur son terrain.
Il hésite. Puis il décide que je ne suis pas dangereux.
Ah! Enfin!!
J37 - Jeudi 15 novembre 2012

Distance: 130km
Bon, après avoir fait 30km dans la brousse pour aboutir à la ferme hier, il me fallait retrouver le chemin vers Fargo. J'ai horreur de revenir sur mes pas et donc j'ai tracé un autre chemin: c'était préparé d'avance: je tourne ici, je prend la route X puis en ligne droite jusqu'à la route Y et c'est dans la poche.
Et non. Rémi, quand apprendras-tu?
Donc je pars de la ferme vers 11am, les 90 km devrait être franchis facilement, aucun besoin de se presser. Tout va comme prévu jusqu'à ce que je réalise que le soleil n'est vraiment pas là où il devrait. Ou plutôt, moi, je ne vais vraiment pas dans la bonne direction! Après 2h de route en direction Nord-Est (encore!) sur une route déserte et un voisinage absent, j'aboutit dans la petite ville de Dent. La ville de Dent est situé à 100km de Fargo! Je suis maintenant plus loin de mon point de départ que ce matin et il est déjà 1pm! Deux motards me regardent, perplexes, de l'autre côté de la rue, et rigolent. J'ai l'air découragé et égaré dans un bled perdu.
Mais bon, il reste 4h de soleil, c'est pas le temps de s'apitoyer. Je reprend les rennes de ma monture et pars en direction du soleil couchant: franc ouest. Je franchi 1h30 plus tard la rue sur laquelle j'aurais dû tourner 3h plus tôt. Ma motivation tressaille, je garde le cap, et continue mon chemin.
À 4h30, le temps se rafraîchi, et je suis en sueur. Je dois changer de vêtement sinon je vais geler. Il me reste encore un bon 30km selon mon estimation et le soleil se couche. Je sors mes lampes avant et arrière, et reprend la route.
À 6h, la nuit est tombée, le ciel est dégagé, mais c'est la lune nouvelle, le plafond est noir, marqué de constellations, elles sont si étincelantes! Je vois au loin un peu de lumière à l'horizon, je ne dois pas être bien loin.
Malheureusement, j'ai fait erreur et un autre 10km me séparait de mon lit. À ce moment là, j'étais en transe et mes jambes continuaient à pédaler malgré l'absence de repère. Enfin, 25minutes plus tard, je vois enfin les lumières de la ville, il est presque 7pm. Je contacte mon hôte et il me guide jusqu'à chez lui, une petite maison d'un papa, maintenant "empty-nester". Jen le connaissait pour avoir travaillé avec lui à Fargo, il est mécanicien de vélo et véritable artiste.
Il me fait la visite de son lieu de travail, qui est maintenant situé dans l'ancienne gare de train de Fargo, un lieu magnifique et immense, au coeur de la ville. Il parlait de sa ville avec fierté et me racontait l'histoire de la place, comment la gare a passé de propriétaires en propriétaires, ayant été un restaurant, puis un café et une micro-brasserie. L'activité économique de la place ne pouvait supporter ces petites business, mais le magasin de vélo, le dernier pour les prochains 400km, vivait très bien et enrichissait les petits commerces autour et revitalisait le centre-ville qui avait connu des temps durs. C'était beau de l'écouter parler, j'étais ému de voir une communauté aussi bien tissée dans une ville, et je partageais sa passion du vélo.
La nuit a été confortable, et le sommeil, bien mérité! Mais au matin, alors qu'un ambition 160km m'attendait pour rejoindre la prochaine ville la plus près, je découvre qu'un de mes rayons de roue arrière est brisé, alors que j'étais paré, prêt à partir!
Pas le choix, je dois faire un arrêt à l'atelier de vélo, je n'ai pas l'outil requis pour retirer le moyeu arrière et je ne peux pas risquer de le réparer à Minot, au prochain atelier, 400km plus loin...
Et non. Rémi, quand apprendras-tu?
Donc je pars de la ferme vers 11am, les 90 km devrait être franchis facilement, aucun besoin de se presser. Tout va comme prévu jusqu'à ce que je réalise que le soleil n'est vraiment pas là où il devrait. Ou plutôt, moi, je ne vais vraiment pas dans la bonne direction! Après 2h de route en direction Nord-Est (encore!) sur une route déserte et un voisinage absent, j'aboutit dans la petite ville de Dent. La ville de Dent est situé à 100km de Fargo! Je suis maintenant plus loin de mon point de départ que ce matin et il est déjà 1pm! Deux motards me regardent, perplexes, de l'autre côté de la rue, et rigolent. J'ai l'air découragé et égaré dans un bled perdu.
Mais bon, il reste 4h de soleil, c'est pas le temps de s'apitoyer. Je reprend les rennes de ma monture et pars en direction du soleil couchant: franc ouest. Je franchi 1h30 plus tard la rue sur laquelle j'aurais dû tourner 3h plus tôt. Ma motivation tressaille, je garde le cap, et continue mon chemin.
À 4h30, le temps se rafraîchi, et je suis en sueur. Je dois changer de vêtement sinon je vais geler. Il me reste encore un bon 30km selon mon estimation et le soleil se couche. Je sors mes lampes avant et arrière, et reprend la route.
À 6h, la nuit est tombée, le ciel est dégagé, mais c'est la lune nouvelle, le plafond est noir, marqué de constellations, elles sont si étincelantes! Je vois au loin un peu de lumière à l'horizon, je ne dois pas être bien loin.
Malheureusement, j'ai fait erreur et un autre 10km me séparait de mon lit. À ce moment là, j'étais en transe et mes jambes continuaient à pédaler malgré l'absence de repère. Enfin, 25minutes plus tard, je vois enfin les lumières de la ville, il est presque 7pm. Je contacte mon hôte et il me guide jusqu'à chez lui, une petite maison d'un papa, maintenant "empty-nester". Jen le connaissait pour avoir travaillé avec lui à Fargo, il est mécanicien de vélo et véritable artiste.
Il me fait la visite de son lieu de travail, qui est maintenant situé dans l'ancienne gare de train de Fargo, un lieu magnifique et immense, au coeur de la ville. Il parlait de sa ville avec fierté et me racontait l'histoire de la place, comment la gare a passé de propriétaires en propriétaires, ayant été un restaurant, puis un café et une micro-brasserie. L'activité économique de la place ne pouvait supporter ces petites business, mais le magasin de vélo, le dernier pour les prochains 400km, vivait très bien et enrichissait les petits commerces autour et revitalisait le centre-ville qui avait connu des temps durs. C'était beau de l'écouter parler, j'étais ému de voir une communauté aussi bien tissée dans une ville, et je partageais sa passion du vélo.
La nuit a été confortable, et le sommeil, bien mérité! Mais au matin, alors qu'un ambition 160km m'attendait pour rejoindre la prochaine ville la plus près, je découvre qu'un de mes rayons de roue arrière est brisé, alors que j'étais paré, prêt à partir!
Pas le choix, je dois faire un arrêt à l'atelier de vélo, je n'ai pas l'outil requis pour retirer le moyeu arrière et je ne peux pas risquer de le réparer à Minot, au prochain atelier, 400km plus loin...
J36 - Mercredi 14 novmbre 2012 - Partie II
La ferme où Jen vivait, ce n'est pas la sienne. En fait, elle est étudiante à l'université du Minnesota (UofM) en production agro-alimentaire durable (sustainable food production). Sans vouloir m'aventurer à décrire ce qu'est la permaculture (je laisse ça à Wikipedia), c'est l'idée générale que j'en ai saisi à travers mes discussions et lectures. Elle vit chez un couple de semi-retraité, pionniers du Wwoofing, adeptes du DIY (do it yourself) et de l'agro-alimentation. Le couple accueille des woofer et des étudiants du programme de l'UofM depuis quelques années. En temps normal, 7 personnes occupent la ferme: les proprios, une jeune famille (un couple d'anciens étudiants du programme et leur bébé), un woofer, Jen et une autre étudiante. Heureusement pour moi, j'ai pu prendre la place de l'étudiante qui n'était pas présente ce jour là, au deuxième étage du cabanon.
En après-midi, j'ai suivi le woofer, un barbu blond-roux en salopette à l'accent du mid-ouest américain. Il a d'abord nourri les cochons. Il y en a 3. Mais ils en valent 6. Oh mais c'est énorme c'est bêtes-là! Quand il s'est avancé dans l'enclot avec le 5 gallons de semences germées biologiques, j'ai quand même tressailli en voyant la maman, sans doute près de 400lb et plus de 3pieds de haut, le charger. Avec une agilité impressionnante, il l'esquiva, rempli un premier sceau à droite, alors que bébé cochon #1 (à peine 200lb) se faufile entre ses jambes pour manger, puis à gauche là, puis enfin au fond. Une fois les trois cochons occupés à s’empiffrer, je me glisse dans l'enclot et contourne les grosses bêtes, pour aller voir l'enclot à volaille, juste à côté. Mon esprit avait du mal à comprendre la cohabitation d'un cochon de 400lb avec une poule de 15lb, mais ni l'un ni l'autre ne semblait se préoccuper de l'autre.
Puis, le woofer m'amène au camion, que lui et le nouveau papa utilisent pour leur business de plumage de volailles. La semaine dernière, alors qu'il avait fait leur dernier plumage de la saison, leur matériel avait gelé sur le chemin du retour et maintenant qu'il y avait un petit redoux, c'était le temps de nettoyer l'attirail. Le principe est simple: on insère la tête de la volaille (poulet, dinde, caille...) dans un cône tronqué et puis coupe le cou. le sang coule dans un contenant et puis on prend 2-3 volailles à la fois et on les mets dans un grand sceau où un mélange d'eau chaude et de savon est savamment concocté en fonction du type de volaille. au centre du sceau se trouve un moyeu en caoutchouc avec une multitude de doigts en caoutchouc tourne à vitesse grand V pour arracher les plumes. Le travail de finition est fait à la main.
Le principe du Wwoofing (World Wide Opportunities on Organic Farms) est intéressant: le voyageur offre un peu de son temps chaque jour en échange de son logis et de son repas. En tant que voyageur cycliste, j'ai eu la chance de bénéficier d'un repas copieux offert par mes hôtes, pratiquement tous les aliments provenait de la ferme même. Ça m'a vraiment fait du plaisir de voir que tout le monde cuisinaient et mangeaient ensemble. C'est sain.
La soirée tirait à sa fin et on me demande alors quels sont mes plans pour le reste de mon trajet. Je leur explique que je compte passer par le Dakota du Nord pour rejoindre la Saskatchewan au Canada. Et comme ça, d'un coup sans prévenir, je me suis retrouvé avec trois numéros de téléphone, des amis et de la parenté se trouve sur mon chemin, quel chance!
Et donc, le lendemain matin, une petite journée de 90km m'attendait jusqu'à Fargo, ND. Et maintenant, j'avais aussi un hôte qui m'y attendait!
Au risque de me répéter: La vie fait bien les choses!
En après-midi, j'ai suivi le woofer, un barbu blond-roux en salopette à l'accent du mid-ouest américain. Il a d'abord nourri les cochons. Il y en a 3. Mais ils en valent 6. Oh mais c'est énorme c'est bêtes-là! Quand il s'est avancé dans l'enclot avec le 5 gallons de semences germées biologiques, j'ai quand même tressailli en voyant la maman, sans doute près de 400lb et plus de 3pieds de haut, le charger. Avec une agilité impressionnante, il l'esquiva, rempli un premier sceau à droite, alors que bébé cochon #1 (à peine 200lb) se faufile entre ses jambes pour manger, puis à gauche là, puis enfin au fond. Une fois les trois cochons occupés à s’empiffrer, je me glisse dans l'enclot et contourne les grosses bêtes, pour aller voir l'enclot à volaille, juste à côté. Mon esprit avait du mal à comprendre la cohabitation d'un cochon de 400lb avec une poule de 15lb, mais ni l'un ni l'autre ne semblait se préoccuper de l'autre.
Puis, le woofer m'amène au camion, que lui et le nouveau papa utilisent pour leur business de plumage de volailles. La semaine dernière, alors qu'il avait fait leur dernier plumage de la saison, leur matériel avait gelé sur le chemin du retour et maintenant qu'il y avait un petit redoux, c'était le temps de nettoyer l'attirail. Le principe est simple: on insère la tête de la volaille (poulet, dinde, caille...) dans un cône tronqué et puis coupe le cou. le sang coule dans un contenant et puis on prend 2-3 volailles à la fois et on les mets dans un grand sceau où un mélange d'eau chaude et de savon est savamment concocté en fonction du type de volaille. au centre du sceau se trouve un moyeu en caoutchouc avec une multitude de doigts en caoutchouc tourne à vitesse grand V pour arracher les plumes. Le travail de finition est fait à la main.
Le principe du Wwoofing (World Wide Opportunities on Organic Farms) est intéressant: le voyageur offre un peu de son temps chaque jour en échange de son logis et de son repas. En tant que voyageur cycliste, j'ai eu la chance de bénéficier d'un repas copieux offert par mes hôtes, pratiquement tous les aliments provenait de la ferme même. Ça m'a vraiment fait du plaisir de voir que tout le monde cuisinaient et mangeaient ensemble. C'est sain.
La soirée tirait à sa fin et on me demande alors quels sont mes plans pour le reste de mon trajet. Je leur explique que je compte passer par le Dakota du Nord pour rejoindre la Saskatchewan au Canada. Et comme ça, d'un coup sans prévenir, je me suis retrouvé avec trois numéros de téléphone, des amis et de la parenté se trouve sur mon chemin, quel chance!
Et donc, le lendemain matin, une petite journée de 90km m'attendait jusqu'à Fargo, ND. Et maintenant, j'avais aussi un hôte qui m'y attendait!
Au risque de me répéter: La vie fait bien les choses!
J36 - Mercredi 14 novembre 2012

Distance: 92km
Après avoir épuisée mes ressources de couchsurfing, je me suis tourné vers une nouvelle option, un site web dont un ami m'avait parlé plusieurs mois auparavant. Le réseau social couchsurfing est solide, fiable et, selon mes standards, sécuritaire. J'avais hâte d'essayer quelque chose de nouveau, mais j'avais quand même des papillons dans le ventre.
Le réseau dont je parle s'est imposé comme étant tout indiqué pour moi puisqu'il est d'abords et avant tout une plateforme pour mettre en contact les cyclistes et de généreux hôtes sur leurs chemin. La plateforme, hébergée sur le site web www.warmshowers.org, est idéale pour qu'un (ou plusieurs) cycliste trouve refuge en quelques clics de souris et très peu de temps. Basé sur le principe d'échange, mon nouveau compte indique que je suis non disponible pour héberger, mais une adresse et un numéro de téléphone doivent être fournis.
Lors de mon départ de l'Université St-Olaf à Northfield, j'avais pris contact avec un hôte situé près de Fergus Falls, tout près de la frontière entre le Minnesota et le Dakota du Nord.
En ce beau matin, tout juste sous zéro, j'ai eu l'occasion, pour la première fois, de manger des céréales avec du lait (de riz) en glace concassée. J'aurais dû garder ma gourde près de moi cette nuit, elle n'aurait pas gelée!
La deuxième journée sur la belle piste cyclable qu'était cet ancien chemin de fer a filé à tout allure. Un petit vent de dos, une route bien droite sans dénivelé est juste ce qu'il me fallait, comme ça j'arriverai chez Jen, mon hôte, en début d'après-midi. En à peine 2h30, j'avais franchi les 60km qui me séparait de Fergus Fall. Je la contacte alors pour obtenir son adresse et c'est alors seulement que je comprends que la ferme sur laquelle elle habite est situé à 30km on Nord-Est de Fergus Fall. Les vents, mes alliés, qui m'avaient doucement poussé vers le Nord-Ouest, devinrent un fardeau, un frein.
Le trajet qui menait jusqu'à la ferme était isolé, entouré de forêt vaste, de champs sauvages, de lacs et de grandes étendus de rien du tout, avec, cette fois-ci, des montés et des descentes.
Vers 3pm, j'arrive enfin à la ferme, une arche indique le nom de l'endroit, telle que promis. Deux chiens m'accueillent, un roux énervé et un tacheté noir et blanc peureux. Jen est dehors, c'est le milieux de l'après-midi, il fait encore grand soleil et ici, la neige est plus clairsemée. Le vaste terrain sur lequel je suis comprend plusieurs acres de forêt, une grande maison de deux étages, et une plus petite maison format très grand cabanon, avec un deuxième étage accessible par une échelle. Plus loin, à l'écart, se trouve la porcherie et un enclot pour les poules, le coq, la dinde. À la bordure de la forêt, une ancienne étable a été convertie en établie et fourre-tout. Des canards couaquent à mes pieds.
Dans ma tête, les dizaines de questions déferlaient comme un torrent. Mes yeux goûtaient le vert du gazon, le blanc des canard, le roux flamboyant du chien, mes oreilles s'émerveillait par le grognement des cochons au loin et des canards effrayés. C'était ma première expérience je crois avec la permaculture, ce fut le coup de foudre.
Le réseau dont je parle s'est imposé comme étant tout indiqué pour moi puisqu'il est d'abords et avant tout une plateforme pour mettre en contact les cyclistes et de généreux hôtes sur leurs chemin. La plateforme, hébergée sur le site web www.warmshowers.org, est idéale pour qu'un (ou plusieurs) cycliste trouve refuge en quelques clics de souris et très peu de temps. Basé sur le principe d'échange, mon nouveau compte indique que je suis non disponible pour héberger, mais une adresse et un numéro de téléphone doivent être fournis.
Lors de mon départ de l'Université St-Olaf à Northfield, j'avais pris contact avec un hôte situé près de Fergus Falls, tout près de la frontière entre le Minnesota et le Dakota du Nord.
En ce beau matin, tout juste sous zéro, j'ai eu l'occasion, pour la première fois, de manger des céréales avec du lait (de riz) en glace concassée. J'aurais dû garder ma gourde près de moi cette nuit, elle n'aurait pas gelée!
La deuxième journée sur la belle piste cyclable qu'était cet ancien chemin de fer a filé à tout allure. Un petit vent de dos, une route bien droite sans dénivelé est juste ce qu'il me fallait, comme ça j'arriverai chez Jen, mon hôte, en début d'après-midi. En à peine 2h30, j'avais franchi les 60km qui me séparait de Fergus Fall. Je la contacte alors pour obtenir son adresse et c'est alors seulement que je comprends que la ferme sur laquelle elle habite est situé à 30km on Nord-Est de Fergus Fall. Les vents, mes alliés, qui m'avaient doucement poussé vers le Nord-Ouest, devinrent un fardeau, un frein.
Le trajet qui menait jusqu'à la ferme était isolé, entouré de forêt vaste, de champs sauvages, de lacs et de grandes étendus de rien du tout, avec, cette fois-ci, des montés et des descentes.
Vers 3pm, j'arrive enfin à la ferme, une arche indique le nom de l'endroit, telle que promis. Deux chiens m'accueillent, un roux énervé et un tacheté noir et blanc peureux. Jen est dehors, c'est le milieux de l'après-midi, il fait encore grand soleil et ici, la neige est plus clairsemée. Le vaste terrain sur lequel je suis comprend plusieurs acres de forêt, une grande maison de deux étages, et une plus petite maison format très grand cabanon, avec un deuxième étage accessible par une échelle. Plus loin, à l'écart, se trouve la porcherie et un enclot pour les poules, le coq, la dinde. À la bordure de la forêt, une ancienne étable a été convertie en établie et fourre-tout. Des canards couaquent à mes pieds.
Dans ma tête, les dizaines de questions déferlaient comme un torrent. Mes yeux goûtaient le vert du gazon, le blanc des canard, le roux flamboyant du chien, mes oreilles s'émerveillait par le grognement des cochons au loin et des canards effrayés. C'était ma première expérience je crois avec la permaculture, ce fut le coup de foudre.
J35 - Mardi 13 novembre 2012

Distance: 110km
Au matin, mes bouteilles d'eau, mon jus de légume et mon chocolat au lait étaient tous gelés. Le soleil levé depuis 1h, je lève le camps vers le début du sentier cyclable. Le shérif est déjà parti au boulot... à 4h du matin. Je profite du petit abri-toilette chauffé du début de la piste pour me réchauffer, et dégeler mes jus, et changer l'eau de mes bouteilles. Une heure plus tard, vers 11am, après petit déjeuner engoufré entre le robinet et la cabine de toilette et un changement pour des vêtements plus légers, je quitte vers le nord-ouest. Le chemin est champêtre, la route est plate, facile à pédaler; probablement une ancienne route de chemin de fer.
Le lunch a lieu dans une ville aux aires de western, avec la rue principale et les magasin en facade.
Lorsque le soleil pique du nez à la fin de la journée, je réalise que peu d'options de terrain plat s'offrent à moi autour du chemin cyclable. Il me faut m'arrêter à une maison, qui sont maintenant distancées de plusieurs kilomètres. À 5pm, alors qu'il me reste à peine 30 minutes de soleil, un maison apparaît, de nul part, contre toute attente. Ce sera mon logis pour la nuit. Le sol est couvert d'un duvet de neige, mais je trouve un coin gazonné et entre dans ma tente alors que le soleil n'est plus qu'un pâle filet bleu foncé à l'horizon.
Le lunch a lieu dans une ville aux aires de western, avec la rue principale et les magasin en facade.
Lorsque le soleil pique du nez à la fin de la journée, je réalise que peu d'options de terrain plat s'offrent à moi autour du chemin cyclable. Il me faut m'arrêter à une maison, qui sont maintenant distancées de plusieurs kilomètres. À 5pm, alors qu'il me reste à peine 30 minutes de soleil, un maison apparaît, de nul part, contre toute attente. Ce sera mon logis pour la nuit. Le sol est couvert d'un duvet de neige, mais je trouve un coin gazonné et entre dans ma tente alors que le soleil n'est plus qu'un pâle filet bleu foncé à l'horizon.